Le plan
Bachelot entend lutter contre l'alcoolisme des jeunes. Des contrôles seront menés dans les cafés et les supermarchés.
Interdiction de la vente d'alcool aux mineurs, suppression des boissons alcoolisées dans les stations-service, fermeture des «open bars» dans les soirées étudiantes, le tout assorti de contrôles de police : la lutte contre l'ivresse des jeunes Français est lancée. La ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, doit présenter mercredi en Conseil des ministres une série de mesures destinées à combattre le phénomène d'alcoolisation aiguë des adolescents.
«Une augmentation de 50 % des hospitalisations pour comas éthyliques a été constatée chez les moins de 15 ans entre 2002 et 2007», s'est récemment inquiétée Roselyne Bachelot dont le plan alcool, très consensuel, est inclus dans le projet de loi de réorganisation de la santé. Il devrait être examiné par l'Assemblée nationale en décembre ou janvier.
Le dossier de la prévention de l'alcoolisme chez les jeunes s'était alourdi en janvier dernier lorsque deux lycéennes d'Abbeville avaient sombré dans un coma éthylique après un apéritif matinal à la vodka dans un bar de la ville. Jusqu'à présent soumise à un régime juridique très compliqué, variable selon l'âge et le type d'alcool, la vente de toute boisson alcoolisée à un mineur sera donc à l'avenir interdite. En cas de doute, le commerçant - restaurant, bar, épicerie ou supermarché - pourra exiger la présentation d'une carte d'identité.
« Les préfets seront, dans un premier temps, chargés de faire connaître la loi aux professionnels concernés, souligne Étienne Apaire, le président de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Mildt). Puis des instructions seront données aux parquets pour que des contrôles de police et de gendarmerie soient diligentés.» Une amende de 7 500 euros est prévue en cas d'infraction à la loi, ainsi que la suspension de la licence du commerçant et l'obligation de suivre un stage de responsabilisation.
Interdiction des cigarettes aromatiséesOutre la fin des open bars, le plan Bachelot prévoit l'interdiction de vendre des boissons alcoolisées dans les stations-service, sauf dérogation préfectorale à la campagne, donne un statut juridique à la vente à domicile et encadre la vente de boissons réfrigérées.
Selon une étude menée en 2005, plus de 9 jeunes sur 10 ont déjà consommé de l'alcool à 17 ans et 11 % déclarent en boire au moins dix fois par mois. Près de 6 adolescents sur 10 ont en outre déjà été ivres, une fréquence en hausse très nette ces dernières années. « Les notions de temps d'élimination de l'alcool dans le sang sont très mal connues, notamment chez les jeunes, même si ces derniers sont globalement mieux informés que leurs aînés », apprend-on encore dans une étude de l'Observatoire de l'Institut de recherches scientifiques sur les boissons.
La prohibition des « cigarettes bonbons », un tabac parfumé destiné à séduire les adolescents, a en outre été glissée parmi les mesures antialcool. Un décret viendra fixer «la teneur maximale en ingrédients de saveur sucrée», précise le projet de loi. Un temps étudiée, la suppression des «happy hours» - comme dans les pubs anglais où les choppes de bière sont moins chères à la sortie des bureaux - n'a, elle, pas été retenue à l'issue de la concertation engagée avec le secteur.
Le projet de loi a cependant toute chance d'être amendé lors de son passage au Parlement : un abaissement à 0,2 g/l (au lieu de 0,3 g/l aujourd'hui) du seuil autorisé pour certains conducteurs et un agrandissement du message sanitaire apposé sur les bouteilles pour prévenir les femmes enceintes pourraient notamment y être proposés.Lisez l'article sur
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© Le Figaro - Delphine Chayet - 20/10/2008